TEXTES DATANT DE LA RENAISSANCE

 

Extrait de GARGANTUA par François RABELAIS (1494-1553)

 

A cet âge de un an et dix mois, son père ordonna qu’on lui fit habillements à sa livrée.

Pour sa chemise furent levées neuf cent aunes de toile de Châtellerault

Pour son pourpoint furent levées huit cent treize aunes de satin blanc.

Pour ses chausses furent levées onze cent cinq aunes et un tiers d’étoffe de laine blanche.

Pour ses souliers furent levées quatre cent six aunes de velours bleu cramoisi.

Pour ses semelles furent employées onze cents peaux de vaches brunes taillées en queue de morue.

Sa ceinture fut faite de trois cents aunes et demie de serge de soie, moitié blanche et moitié bleue.

Pour sa robe furent levées neuf mille six cents aunes moins deux tiers de velours bleu.

Pour son bonnet furent levées trois cent deux aunes de velours blanc.

Pour ses gants, furent mis en œuvre seize peaux de lutins, et trois de loups-garous pour leur bordure.

 

Extrait d’un poème de François VILLON (1431- ? )

 

Freres humains qui après nous vivez,

N’ayez les cuers contre nous endurciz,

Car, se pitié de nous pouvres avez,

Dieu en aura plus tost de vous merciz.

Vous nous voyez cy attachez cinq, six :

Quant de la chair, que trop avons nourrie,

Elle est piéça devorée et pourrie,

Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.

De nostre mal personne ne s’en rie :

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !